Lacroutz d'Orion

Lacroutz d'Orion
La maison de Lacroutz

mercredi 15 juillet 2015

LETTRE DE MON CHEVAL

Ma chère Donna,
Jacquotte, tu la connais, m’a prêté sa plume pour t’écrire un mot. Cette sacrée pie ne donne rien pour rien, et il a fallu que je m’exprime à son seul profit.
J’espère que tu es heureuse dans ton nouveau club. Nous regrettons ici ton hennissement chaleureux et les superbes pétarades que tu nous offrais le soir.
Mephisto se porte bien. Il en fait voir de toutes les couleurs au patron, surtout quand il sait que nous le regardons ; il est un peu cabot, mais il est si beau. Dommage qu’il lui manque ce que tu sais !
Ici, c’est le train-train. En ce moment, on ballade des gosses toute la journée ; de vrais plumes ! L’autre jour j’ai beaucoup ri en voyant notre gros « Papillon » avec une fillette sur son dos. Il broutait tranquillement dans le fossé, tandis qu’elle lui flanquait de grands coups de talon. Il m’a dit qu’il ne s’était rendu compte de rien et même qu’il avait complètement oublié où il se trouvait. Ah ! celui-là avec son ventre !
Ah ! a propos de ventre, il faut que je te raconte. Il y a à peu près une semaine, j’étais comme d’habitude le matin, perdue dans ma méditation, en attendant le petit Eric, prévu vers dix heures. Il était à peine 8 h 30 quand le patron est venu me flanquer la selle sur le dos. Et que je te serre ! Et que je te serre ! Que se passe t-il, me suis je demandé ? Il va me falloir porter deux poids plumes à la fois ? Tu parles ! Qu’est-ce que je vois arriver ? Une espèce de cow boy du 3ème âge, qui faisait bien ses cent kilos. Tu sais, les gros, j’ai rien contre, à condition qu’ils restent par terre.
Eh bien ! celui là, il a fallu que je me le farcisse ! J’ai bien essayé quelques petits trucs : me placer plus haut que lui quand il monte, plonger de temps en temps la tête vers les jambes. Tu parles ! avec la surface qu’il couvre ça n’a pas marché. Et nous voilà partis pour la promenade, accompagnés de Mephisto et du patron. Tu ne peux pas savoir ce que j’ai souffert ! J’ai essayé de traîner un peu, pour qu’on me prenne en pitié. Mephisto n’a même pas eu un regard. Et ça a duré une heure : au pas, au trot, au galop ; la complète quoi ! Mon pauvre dos ! Ce qui m’a un peu réjouie tout de même c’est que, lorsqu’il m’a libérée, il avait les jambes bien arquées et qu’il marchait comme un canard.
Je pensais qu’il en aurait assez et qu’il ne reviendrait plus ! Deux fois encore, j’ai eu à le porter. Dans la montée de Bouhor, vendredi, je n’en pouvais plus. « Ca va ? » que lui a demandé le maître. « Elle fait semblant de souffrir, rien que pour me vexer »,qu’il a répondu. Misère ! Je voudrais l’y voir lui, s’il devait me porter.
Enfin c’est fini ! J’ai fait comprendre au patron que j’étais sur le point de craquer et il l’a filé à « Daisy ». Elle rigole moins maintenant.
Je me remets doucement en continuant à promener les gosses.
A bientôt je l’espère ! Ta
Prima

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